Background

Les populations des pays africains sont confrontées à de nombreux fléaux, notamment l’infection à VIH et le SIDA, le paludisme, la tuberculose, la méningite, et la trypanosomiase.  A ces pathologies endémiques le plus souvent transmissibles s’ajoutent les maladies chroniques non transmissibles comme les cancers, l’hypertension artérielle,  le diabète ou l’épilepsie. De temps à autre apparaissent des maladies dites émergentes qui viennent comme c’est le cas avec la pandémie de Covid19, compromettre la capacité des systèmes de santé à répondre aux besoins de santé des populations.

Ces populations sont également confrontées à la pauvreté, l’analphabétisme, la malnutrition, et aux difficultés d’accès aux soins et aux médicaments. Les difficultés d’accès aux médicaments et aux soins sont accentuées par le manque ou l’insuffisance d’information, d’éducation et de communication sur la santé et le bon usage des médicaments.

Cette situation entraîne des comportements à risques face aux médicaments : 

  • Inobservance des prescriptions médicales ;
  • Automédication ;
  • Achat des médicaments issus des circuits parallèles où prolifèrent les médicaments contrefaits encore appelés « faux médicaments ».

Le VIH, le Sida, le paludisme, la tuberculose, la diarrhée, l’épilepsie ou la covid19 sont autant de maladies pour lesquelles il existe des traitements qui, à défaut de guérir les malades, sont suffisamment efficaces pour améliorer leur qualité de vie. Il s’avère donc essentiel pour améliorer l’accès aux soins, d’intensifier le travail d’information et de sensibilisation des populations sur les dangers liés à l’achat et à la consommation de produits de santé falsifiés ou de qualité inférieure.

 La contrefaçon des médicaments est un phénomène mondial qui touche près de 128 pays  et pour lequel les pays africains paient le plus lourd tribut. Selon l’OMS, 42 % des « produits médicaux de qualité inférieure ou falsifiés » découverts depuis 2013 l’ont été en Afrique. Dans certains États, on estime même que les médicaments contrefaits représentent 30 à 60 % des produits médicaux.

En comparaison, dans les pays où des réglementations fermes ont été mises en œuvre et appliquées, ce chiffre s’élève à 1 %. Les conséquences de cette situation, elles, sont désastreuses pour les Africains. Si, au mieux, ces produits falsifiés n’ont aucune répercussion sur la santé du patient, dans certains cas, ils peuvent être très nocifs, voire mortels. Car, en plus de financer la criminalité internationale et le terrorisme, les faux médicaments seraient responsables, toujours d’après l’OMS, de plus de 100 000 morts par an en Afrique. Une étude de l’université d’Édimbourg indique qu’entre 72 000 et 169 000 enfants décèdent probablement chaque année d’une pneumonie traitée avec des antibiotiques de qualité inférieure ou falsifiés.

Selon la Fédération internationale de l’industrie du médicament (FIIM), un investissement de 1 000 dollars dans les faux médicaments peut générer 500 000 dollars de profits. Résultat, les faux médicaments sont plus rentables que la plupart des stupéfiants. Une manne qui profite aux responsables de ce commerce informel, dont la plupart, 60 % d’après l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC), sont basés en Chine. L’Inde, le Paraguay, le Pakistan, mais aussi le Royaume-Uni fournissent aussi le contingent.

Pour pénétrer le marché africain, ces fournisseurs passent par les ports, notamment ceux d’Afrique de l’Ouest, région la plus touchée par le trafic. Le tiers des 126 millions de faux médicaments saisis dans seize ports africains lors d’une opération de l’Organisation mondiale des douanes en septembre 2016, était par exemple destiné au Nigeria. Véritable porte d’entrée africaine du trafic, le géant anglophone inonde le marché de la région. Et contribue à la prospérité des trafiquants. Pour les États, en revanche, l’addition est salée. En Côte d’Ivoire par exemple, la saisie de 400 tonnes de faux médicaments en octobre 2018 avait représenté « pour l’industrie pharmaceutique une perte financière de 100 milliards de francs CFA », soit 169 millions de dollars, avait fait savoir le ministère de la Santé. Si les terribles conséquences sanitaires dues à la prise de faux médicaments ne poussent donc pas les dirigeants africains à engager une véritable politique en la matière, le manque à gagner économique, lui, pourrait changer la donne.

Les médicaments sont des produits bien spécifiques. Pour améliorer leur efficacité et leur sécurité, il est essentiel de respecter un certain nombre de règles. Si les personnels de santé sont formés pour encadrer les populations et les accompagner dans leur traitement, la communauté a également un rôle très important à jouer.

Savoir réagir face à la maladie, respecter les règles d’utilisation des médicaments, connaitre les moyens de prévention des maladies, comprendre le circuit officiel du médicament, être conscient des risques liés à l’automédication et au marché illicite des médicaments, sont autant de connaissances à partager, en particulier avec les générations futures, par le biais du dialogue, de l’échange, du partage des idées et des connaissances.